Même si je l'ai apprécié, parfois il vaut mieux arrêter...
... pour recommencer ailleurs, mieux et avec encore plus d'entrain. Merci à vous qui avez lu, commenté, et linké au point que le Rickshaw s'est retrouvé 110ème au classement Kiwi-Oh (trop la classe) !
Ce blog sera donc inclus dans mon nouvel univers, "Chouyo's World", notamment dans la rubrique "Vu depuis mon rickshaw" en bas à gauche. Je vous donne rendez-vous à cette nouvelle adresse : www.chouyosworld.com, mettez vos flux à jour !!!
Quant à vous qui cherchez des informations sur la vie à Bombay, l'installation dans cette ville étonnante, ou bien qui désirez voyager dans ce pays passionnant qu'est l'Inde, je vous attends avec impatience ici : www.passagetomumbai.com
Une cause dont il faudrait parler plus souvent dans ce pays, mais aujourd'hui nous nous contenterons de l'aspect pictural uniquement : l'arc-en-ciel bombayite, ces couleurs qui défilent sous nos yeux chaque jour, qui ont estampé la morosité de la crise économique, qui parent d'horipeaux riants la terrible misère, qui enduit chaque bouchée d'un festival de couleurs délicieuses.
... tu mets une demi-botte de coriandre par saladier. Viendra un jour où tu mettras une botte entière.
... tu trouves naturel de voir des gens juchés sur les toits des bus et des camions hurlant leur amour de Ganesh.
... tu n'oublies plus de mettre au moins un piment délicatement haché dans ta tambouille, voire deux. Sans, c'est fade.
... tu grimpes sur le stepper en rêvant non aux pains au chocolat mais aux naans que tu vas pouvoir t'enfiler après.
... tu ne sais plus comment tu as vécu avant le fresh lime soda.
... tu t'inquiètes de n'avoir entendu "que" dix klaxons tonitruants en une heure. ... tu dodelines. Tellement que tu le fais même au téléphone. Ou, seule, devant ton écran d'ordinateur...
Après le christianisme orthodoxe polymorphe, l'autre particularisme du Kérala est sa couleur politique : cet Etat a élu démocratiquement un gouvernement communiste en 1957, et aux dernières élections les deux listes communistes (qui n'ont bien évidemment pu se mettre d'accord...) ont remporté 40% des voix. Parce qu'il y a donc le CPI, Parti communiste d'Inde, et le CPI (M), Parti communiste d'Inde marxiste auquel est lié la DYFI, la fédération démocratique de la Jeunesse indienne. Rien à voir en revanche avec les naxalites, guérilla maoïste présente dans d'autres régions. La conséquence ? Elle est visible, palpable, réelle : des écoles partout, des librairies partout, scolaires ou non. Des bureaux des partis, fédérations et syndicats très visibles. Un taux d'alphabétisation féminin proche de celui des pays occidentaux. Et, sensiblement, une pauvreté et un castéisme qui sont certes toujours présents mais beaucoup moins visible qu'ailleurs en Inde.
Touristiquement parlant, on a vraiment l'impression d'être revenus à Cuba, héhéhé...
Ce qui nous a attiré l'été dernier et à nouveau cette fois-ci au Kérala, c'est avant tout l'énorme capharnaüm religieux qu'il y règne. Et je pèse mes mots... Car tu crois que dire "25% de musulmans, 20% de chrétiens" est suffisant ? Pas du tout !
Alors euhhhh... Pour faire simple, au 1er siècle de notre ère (ce sont des rapides) a été fondée l'église du Kérala, à l'époque d'obédience nestorienne. A l'arrivée des Portugais, cette église a résisté et a voulu conserver ses rites de type orthodoxes. Une branche s'est alors formée, les chrétiens syro-malancars liés à l'église de Syrie et au patriarcat d'Antioche, et une seconde, celle des chrétiens orthodoxes jacobites autocéphales (qui désignent leur évêque). Puis, lors de la colonisation anglaise, une partie de ces derniers a décidé de se rapprocher des anglicans tout en conservant leurs rites orthodoxes, c'est l'église de Mar Thoma. Enfin, il y a évidemment les chrétiens syro-malabars, qui sont catholiques mais conservent les rites orientaux. Comment ça, c'est compliqué ???
En tout cas, il en résulte une profusion d'églises très colorées et architecturalement originales, typiques du Kérala. Avec des splendeurs insoupçonnées derrière leurs murs...
La magnifique église de Cheriapally, Kottayam. Les fresques ont été peintes par un artiste portugais avec des pigments végétaux au XVIème siècle. Il est vraiment étonnant de retrouver cette iconographie médiévale européenne en Orient.
Beaucoup vont au Kerala pour ses resorts, stations balnéaires tropicales luxueuses le plus souvent (du genre qui te coûte un bras la nuit). Elles sont réputées dans le monde entier, auprès des touristes comme des Indiens résidant à l'étranger. Il aurait été vraiment dommage de ne pas les tester un jour (ou deux...) : c'est chose faite ! Et la réputation du Kumarakom Lake Resort n'est pas usurpée, loin de là.
Rare en Inde, tout est absolument parfait : une architecture kéralaise respectant le paysage, confort moderne mais pas uniformisé et sans âme, petites attentions fort agréables. Au point que tu finis par te demander si tu n'es pas plutôt en Thaïlande...
Ce que j'ai retenu ? Et bien, après le yoga matutinal face au second plus grand lac d'Inde, tu peux faire quelques longueurs dans l'Infinity Pool d'où tu admires les bateaux kéralais voguer sur ce qui ressemble presque à la mer. Et puis, au moment où tu veux te relaxer vraiment, parce que là c'était du sport de compétition, tu reviens à ton pavillon en bois délicieusement sec (vue l'humidité ambiante, je ne comprends pas comment ils font...) et décoré avec raffinement où tu t'installes dans ta piscine privée avec jacuzzi, suffisamment grande pour faire au moins quelques brasses (l'eau arrive à la poitrine). Tu prends le soleil en même temps, puis quand tu as fait ton petit somme après toutes ces activités, direction la consultation ayurvédique pour te faire prescrire un massage aux huiles essentielles. Tu conclues la chose par le tea time, assis dans un sympathique jardin, avec masala chai et délicieux snacks à volonté, avant d'embarquer pour une petite croisière permettant de profiter d'un calme exceptionnel en Inde, au milieu de cet immense étendue d'eau.
Et, chose encore plus rare dans ce type d'hôtel, la nourriture est vraiment bonne, copieuse (à volonté, c'est dire...) et typiquement kéralaise (il faut vraiment fouiller pour avoir un tout petit quelque chose de continental). Bien évidemment, vue ton activité débordante, le lendemain matin, tu te diriges nécessairement vers la salle de sport...
La chambre, joliment décorée avec une charpente traditionnelle, qui ouvre sur la piscine privée et la salle de bain presque en plein air.
L'Infinity Pool d'où regarder ce lac immense, ou bien une petite promenade dans le jardin manucuré...
Magnifique coucher de soleil, rare en période de mousson. Et le plus sublime, à mon sens, était le vol très haut dans le ciel des chauves-souris dans les derniers rayons du soleil...
Première fois que je reçois des colis en
Inde et... ça a marché ! Avec plus ou moins de lenteur, plus ou moins
d'ajouts de la part des douanes, mais cela a fini par arriver !!! Et le
même jour en plus (sauf qu'il y en un qui a été posté le 21 juillet et
l'autre le 3 août...) !
Bonne tranche de rigolade en voyant arriver les paquets :
Le colis de Ckankonvaou
a donc passé avec succès les douanes, mais la contrepartie fut des
sceaux de cire, de la cordelette, du papier, du scotch (tu vois, là où
pointent les flèches). Je me demande s'il n'a pas subi aussi le test du
"je m'assieds dessus"...
Celui de Daydreamer a également été bien secoué, malaxé, trituré, mais a finalement tenu le choc :
Et dedans ??? Et bien, plein de bonnes choses, du miam-miam, mais aussi du sent-bon !!!
De délicieuses violettes cristallisées à l'arôme intact (Tac s'est jeté dessus !) et un savon qui fleure bon le Sud...
Et je pars ensuite vers l'Ouest, avec mes berlingots nantais, mon savon à l'abricot et mon âne en culotte !
Merci beaucoup à toutes les deux !!!
Tout ceci m'a fait extrêmement
plaisir, on se sent moins loin de tout en ouvrant ces paquets remplis
de trésors. Une excellente surprise, je vous l'avoue, d'autant que je
ne croyais pas pouvoir recevoir en Inde autre chose que des lettres,
des cartes postales et Le Canard enchaîné. Comme quoi, il ne faut douter de rien !
J'ai cru un temps que la télévision indienne avait pu me manquer. Pourquoi pas, après tout ? Et avec le câble, des centaines de chaînes où je pourrais zapper ! Puis j'ai pu à l'occasion regarder un petit peu plus ce que proposent ces chaînes, et il s'est passé ça :
Et encore ça :
Alors, finalement, non. Ni les chaînes indiennes, ni les autres...
Le message des affiches publicitaires en Inde font très souvent mouche (à la télévision, les standards sont plus conventionnels dans ce que j'ai vu dans les hôtels et au cinéma (nous n'avons pas la télévision)). Jeux de mots et humour, voici les maîtres-mots. J'ai par exemple beaucoup aimé cette campagne de la Mumbai Traffic Police visant à réduire la pollution sonore due aux klaxons omniprésents (klaxon, en klingon, signifie Bombay je crois...) : les messages sont simples, directs, efficaces, mais deviennent aussi parfois plus subtils...
Et mes favoris (le premier se réfère à l'arrière des camions orné de dessins et de messages appelant à klaxonner pour le dépassement dudit camion) :
Et le dernier, dont une seconde version dit "Honking addict ? Treat yourself, get some help !" :
En Inde, on tire un revenu de tout. On essaie en tout cas. Je ne crois pas connaître un pays où l'utilisation des déchets entre aussi profondément dans le circuit économique, formel et informel. Toutes les ordures sont triées, retriées, fouillées depuis la nuit des temps semble-t-il (ou presque). Les raisons pour lesquelles ces hommes et femmes s'assoient la nuit venue au milieu des poubelles déversées, les raisons pour lesquelles ces gamins repartent les bras chargés de déchets plastiques de la décharge du coin, les raison qui amènent ce démarcheur à ma porte régulièrement pour récupérer tout appareil électronique, n'ont rien à voir avec l'environnement. L'environnement, on s'en soucie quand on a les moyens de manger à sa faim.
Un exemple. Les journaux. Nous recevons chaque matin une sélection à notre porte, livrée entre 5h et 6h : l'Indian Express, le Mumbai Newlisne et l'Economical Time. Par mois, cela nous revient à 250 roupies environ (3,20€), alors on ne s'en prive pas. Il faut dire que pour un Occidental, les journaux et revues semblent presque gratuits ici (compter 2, 3 ou 4 roupies pour les grands journaux du type Times of India, entre 20 et 100 roupies pour des revues et magazines, soit 0,30€ à 1,30€). Les journaux et revues s'accumulent donc chez chacun. En France, je les aurais jetés à la poubelle (verte bien sûr) pour qu'ils soient, je l'espère, recyclés. Ici, que nenni ! La récupération rapporte son écot.
Comme les textiles, les objets contenant du métal ou le matériel électroménager, les journaux sont donc récupérés : pour ma part je les donne à la femme de ménage de l'immeuble qui touchera 4 roupies par kilo de journaux. Ce n'est rien, mais c'est beaucoup. Ce matin, je lui ai donné cinq kilos de journaux reçus ces dernières semaines, elle a l'air contente.
Ces journaux, on les retrouve ensuite sous différentes formes : le papier recyclé, bien sûr. Mais ils deviennent aussi emballage, puisque les différents chaat (en-cas) que l'on déguste dans les rues ou dans les petites échoppes les utilisent pour ne pas tâcher les mains et vêtements avec la graisse. Ne crions pas d'effroi : malgré le papier et l'encre, vue la propreté des mains (des miennes aussi) et des écuelles en métal, à un moment donné on choisit... La chaîne de magasins Fabindia (que tu connais pour ses textiles et ses produits de beauté) utilise quant à elle des sacs formés de journaux récupérés encollés : quand tu ressors, tu peux donc porter tes achats et t'instruire en même temps. On peut même s'en procurer ICI !
A la différence de la Chine, où le recyclage est devenu une mâne pour certaines villes du Guangdong, l'aspect qu'il revêt en Inde est différent : moins industriel, dénotant plutôt du castéisme et du politique. Etonnant. Les personnes qui trient les ordures, ramassent les déchets, récupèrent les détritus et les encombrants, appartiennent bien évidemment à des castes inférieures. Qui ont, pour survivre, fait et font preuve d'une inventivité exceptionnelle pour gagner un peu d'argent avec ce que les autres laissent derrière eux... Ici, recycler est nécessaire pour continuer à vivre.
La cause ? La grippe du porcinet. La grippe A, donc. De toute manière, ici, le porc n'a jamais eu très bonne presse... Jusque là, relativement calme et sereine, l'Inde et Bombay sont tout à coup sur le pied de guerre depuis un enchaînement de décès, dont ceux de Pune l'"autre capitale" du Maharashtra puis ceux survenus à Bombay. L'agitation et la fébrilité croissent ; et c'est le moment où Tac décide d'avoir une angine carabinée avec fièvre !
Quant aux mesures, ce sont sans doute celles qui sont déjà d'actualité en France et en Occident ? Je ne sais pas, n'ayant pas la télévision. En tout cas, une épidémie que l'Inde veut traiter avec des moyens "modernes" : éviter les centres commerciaux, éviter les festivals et rassemblements, masques que les gens sont de plus en plus nombreux à porter, et huile essentielle d'eucalyptus pour les policiers. Et ça, c'est l'efficacité ayurvédique...
Je me suis toujours dit qu'ici, ça assurait grave et que les autorités étaient aux aguets...
Des policiers à Golconde (Andhra Pradesh).
En revanche, commence dans une quinzaine de jours à Bombay notamment le festival de Ganesh Chaturthi, qui rassemble des milliers et des milliers de personnes. Eviter les rassemblements, oui...
Première déduction
: comment savoir si c'est la vérité ou non ? Aucun indice, l'envie d'être
juste et de bien faire nous taraude avec toujours ce doute qui
s'insinue avec l'expérience. Mais l'éducation judéo-chrétienne implique
que l'on préfère se faire avoir, plutôt que d'avoir refusé d'aider.
Deuxième déduction
: une évidence, il n’y a ni système de
sécurité sociale, ni accueil médical gratuit, ni aide aux veuves (son
père est mort deux ans auparavant), ni aide aux personnes pauvres et
aux soutiens de famille évidemment…
Troisième déduction : le chauffeur n’a pas cet argent
d’avance car l’épargne est presque strictement impossible en Inde dans les
milieux défavorisés. Pourquoi ? Pas de compte en banque le plus souvent,
l’argent est donc dans la poche avec toutes les possibilités de le perdre, se
le faire voler et surtout se le faire réquisitionner par les proches (famille, amis
et entourage). Il semble que l’argent file entre les doigts dès
que l’on en gagne un peu : pour payer les nécessités quotidiennes, mais
surtout pour rembourser les intérêts des emprunts (même pas l’emprunt
lui-même, faut pas pousser).
Troisième déduction: la solidarité, mon
arrière-train ! De tontines, point. De micro-finance, point. Quand on est
Indien et pauvre, on ne peut compter que sur soi-même et mieux vaut se méfier
de ses proches.
Quatrième déduction
: pas de liquidités et réquisition par la famille de la paye signifie
aussi que le chauffeur n'a jamais sur lui les quelques roupies
nécessaires pour prendre le bus ou se payer un déjeuner. Au bout de
plusieurs fois, nous avons du lui demander comme à un enfant de penser
à apporter son argent pour ses propres dépenses dans la journée ; ce qu'il a oublié, exprès ou non là n'est pas
le problème, toujours est-il qu'il se trouve dans la position de
quémander alors même qu'il a reçu sa paye la veille.
Cinquième déduction : le fait d'emprunter n'a
pas du tout la même valeur et la même fonction en Inde. C'est une
évidence du quotidien, ce qui fait que l'on peut vivre et qu'il n'est
même pas envisageable de supprimer malgré les taux d'intérêt usuraires. Il n'y a aucune hésitation,
puisque de toute manière, par un biais ou un autre, on passera sa vie à
rembourser tel ou tel. Alors, on s'endette auprès des parents, des
voisins, des mafias, qui se font tous une joie de prélever encore et
encore. Le taux de suicide pour endettement est gigantesque (notamment chez les paysans,
mais pas seulement : Dalilo nous a dit que s'il n'avait pas ses
enfants, il se jetterait sous un train. Que l'on y croit ou pas,
qu'il s'agisse de chantage ou non, de volonté de culpabiliser ou non,
il est toujours difficile d'entendre ceci dans la bouche de quelqu'un
qui travaille pour vous).
Où tu découvres le nouveau chauffeur de Tac, où tu découvres qu'il est difficile de distinguer mensonge et vérité (mentir n'est pas immoral en Asie si c'est pour une bonne cause), où se confirme enfin qu'avoir du personnel en Inde est réellement une plaie. De mon point de vue, en tout cas...
Finalement, Zola n’a rien inventé, il est juste venu
visiter l’Inde. Exemple probant à l’appui ? L’histoire du nouveau chauffeur
de Tac (souviens-toi, nous avons du dire au revoir à Obiwan). Habitant dans un
bidonville de Colaba, Dalilo (appelons-le comme ça, héhéhé...) a dès les premiers jours de travail eu besoin
d’argent : sa mère, malade, venait de faire une attaque cardiaque. Commençant à peine, il n’avait pas de quoi payer son
hopistalisation et ses médicaments.
Pas de fonds de roulement donc, pas de liquidités en cas de
coup dur. Les achats se font en
gros pour baisser les coûts : ainsi, Dalilo en début de mois s’endette de 2500
roupies pour acheter la nourriture du mois. Avec les
intérêts donc. Et le premier quart de sa paye dépensé avant même d’être perçu.
Ce type de famille indienne vit donc presque au jour le jour. Pas de banque signifie aussi aucune possibilité d’emprunt, aucune
possibilité d’avance. Ce sont donc la famille, les amis, les voisins, les
usuriers et les mafias qui prêtent avec des taux d’intérêts bien dodus. Oui,
même la famille et les voisins : eux aussi ont besoin d’argent, il ne faut
perdre aucune occasion d’en gagner ! Du genre : Dalilo a emprunté 10 000 roupies, et donne 1 000 roupies par mois d'intérêt en attendant d'avoir remboursé le capital (120% d'intérêt sur une année, au bout de laquelle il arrive) ; même chose avec sa voisine. Et sa situation est telle que l'on est portés à le croire, mais si... toujours le doute...
L’emprunt est
toujours nécessaire, tant le cercle vicieux de la pauvreté est zolien. C’est
évidemment quand tu viens de rembourser les commerçants qui te vendent à crédit
la nourriture et que tu es donc sur la paille, que le toit qui n’a pas été
réparé faute de moyens fuit à cause de la mousson. Manquerait plus que l’enfant
qui dort en dessous tombe malade, que la maladie s’aggrave car voir le médecin était
trop onéreux, etc. Ce n’est pas ce qui s’est passé pour le chauffeur de
Tac : lui, quand il eût payé sa nourriture, il dut faire face à
l’hospitalisation de sa mère et à une infection dentaire plutôt violente (visible) ;
puis il se fait voler une partie de son salaire pour enfin se faire tabasser
par les usuriers chez qui il a un emprunt. Car, s’il est une bonne proie pour
eux (un cinquième de son salaire mensuel passe à rembourser les intérêts
seulement), il n’a pas caché travailler pour des Occidentaux. Depuis,
bizarrement, les usuriers sont devenus plus insistants pour retrouver leur
mise. Vous voyez quand je parle de Zola ?
Dalilo soutient une famille
composée de femmes et d’enfants depuis que son père est mort il y a deux ans : sa
mère qui se laisse dépérir, sa jeune sœur, sa femme et ses deux enfants. Il
faut payer l’école et la formation de couture de la sœur ; l’épouse est
allée au lycée certes, mais tu imagines bien qu’elle ne travaille pas :
elle a deux enfants, que diable ! Quand bien même le besoin d’argent est
très pressant, cela ne se fait pas de laisser ses enfants, même à sa belle-mère
ou sa belle-sœur (que dire d’une voisine, qui s’occuperait pendant la journée
d’une dizaine d’enfants par exemple, dont les mères iraient travailler :
n’y pensons même pas !). Il ne faudrait pas que l’on dise que c’est une
mauvaise mère, et surtout qu'elle est débauchée : aller travailler à l'extérieur, ouhlalala ! Et puis, il ne faudrait pas que l’on croit que le mari ne parvient
pas à subvenir aux besoins de sa famille…
En résumé, cela revient encore à une histoire de
fesses : la femme qui veut contribuer aux recettes de son ménage abandonne
ses enfants et s'en va courir les hommes, et le mari qui la laisserait faire manquerait de virilité et
accepterait que sa femme se débauche à l’extérieur. D’où, le cercle… euh… vicieux ?
Pour s'installer à Bombay et s'y épanouir : ce blog a été transféré sur www.passagetomumbai.com
Concernant la vie quotidienne, les bons plans et les visites, à Bombay et en Inde, retrouvez tout sur www.chouyosworld.com