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La vie vue d'un rickshaw (vivre à Bombay)

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2 septembre 2009

The end.

              Et c'est la fin de ce blog.

              Même si je l'ai apprécié, parfois il vaut mieux arrêter...

              ... pour recommencer ailleurs, mieux et avec encore plus d'entrain. Merci à vous qui avez lu, commenté, et linké au point que le Rickshaw s'est retrouvé 110ème au classement Kiwi-Oh (trop la classe) !

             Ce blog sera donc inclus dans mon nouvel univers, "Chouyo's World", notamment dans la rubrique "Vu depuis mon rickshaw" en bas à gauche. Je vous donne rendez-vous à cette nouvelle adresse : www.chouyosworld.com, mettez vos flux à jour !!!

Banni_re_essai_2

              Quant à vous qui cherchez des informations sur la vie à Bombay, l'installation dans cette ville étonnante, ou bien qui désirez voyager dans ce pays passionnant qu'est l'Inde, je vous attends avec impatience ici : www.passagetomumbai.com

Banni_re_PTM



A tout de suite !

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1 septembre 2009

Bombay over the Rainbow !

           Une cause dont il faudrait parler plus souvent dans ce pays, mais aujourd'hui nous nous contenterons de l'aspect pictural uniquement : l'arc-en-ciel bombayite, ces couleurs qui défilent sous nos yeux chaque jour, qui ont estampé la morosité de la crise économique, qui parent d'horipeaux riants la terrible misère, qui enduit chaque bouchée d'un festival de couleurs délicieuses.

           Voici donc le sujet commun aux Blogueurs francophones de Bombay ce mois-ci...

Synagogue_Magen_David

J'ai gardé dans mes yeux un éclat de bleu.
Synagogue Magen David.


Khotachiwadi

Vert et rouge, le style portugais au coeur de Bombay.
Khotachiwadi.


Etal

La polychromie gastronomique, des plats traditionnels... à tout le reste !

29 août 2009

Are you Indian ?

            Un moment arrive dans ta vie indienne où...

            ... tu mets une demi-botte de coriandre par saladier. Viendra un jour où tu mettras une botte entière.

            ... tu trouves naturel de voir des gens juchés sur les toits des bus et des camions hurlant leur amour de Ganesh.

            ... tu n'oublies plus de mettre au moins un piment délicatement haché dans ta tambouille, voire deux. Sans, c'est fade.

            ... tu grimpes sur le stepper en rêvant non aux pains au chocolat mais aux naans que tu vas pouvoir t'enfiler après.

            ... tu ne sais plus comment tu as vécu avant le fresh lime soda.

            ... tu t'inquiètes de n'avoir entendu "que" dix klaxons tonitruants en une heure.
            ... tu dodelines. Tellement que tu le fais même au téléphone. Ou, seule, devant ton écran d'ordinateur...

27 août 2009

Cuba ? Kérala ? Cubarala ?

          Après le christianisme orthodoxe polymorphe, l'autre particularisme du Kérala est sa couleur politique : cet Etat a élu démocratiquement un gouvernement communiste en 1957, et aux dernières élections les deux listes communistes (qui n'ont bien évidemment pu se mettre d'accord...) ont remporté 40% des voix. Parce qu'il y a donc le CPI, Parti communiste d'Inde, et le CPI (M), Parti communiste d'Inde marxiste auquel est lié la DYFI, la fédération démocratique de la Jeunesse indienne. Rien à voir en revanche avec les naxalites, guérilla maoïste présente dans d'autres régions.
          La conséquence ? Elle est visible, palpable, réelle : des écoles partout, des librairies partout, scolaires ou non. Des bureaux des partis, fédérations et syndicats très visibles. Un taux d'alphabétisation féminin proche de celui des pays occidentaux. Et, sensiblement, une pauvreté et un castéisme qui sont certes toujours présents mais beaucoup moins visible qu'ailleurs en Inde.

           Touristiquement parlant, on a vraiment l'impression d'être revenus à Cuba, héhéhé...

Communisme_K_rala

Communisme_parti_K_rala  Communisme_parti_2_k_rala
Le CPI et le CPI (M) : tout un monde...

25 août 2009

La mosaïque chrétienne du Kérala.

           Ce qui nous a attiré l'été dernier et à nouveau cette fois-ci au Kérala, c'est avant tout l'énorme capharnaüm religieux qu'il y règne. Et je pèse mes mots... Car tu crois que dire "25% de musulmans, 20% de chrétiens" est suffisant ? Pas du tout !

Chr_tiens_Inde


           Alors euhhhh... Pour faire simple, au 1er siècle de notre ère (ce sont des rapides) a été fondée l'église du Panneau_K_ralaKérala, à l'époque d'obédience nestorienne. A l'arrivée des Portugais, cette église a résisté et a voulu conserver ses rites de type orthodoxes.
            Une branche s'est alors formée, les chrétiens syro-malancars liés à l'église de Syrie et au patriarcat d'Antioche, et une seconde, celle des chrétiens orthodoxes jacobites autocéphales (qui désignent leur évêque). Puis, lors de la colonisation anglaise, une partie de ces derniers a décidé de se rapprocher des anglicans tout en conservant leurs rites orthodoxes, c'est l'église de Mar Thoma. Enfin, il y a évidemment les chrétiens syro-malabars, qui sont catholiques mais conservent les rites orientaux.
            Comment ça, c'est compliqué ???

            En tout cas, il en résulte une profusion d'églises très colorées et architecturalement originales, typiques du Kérala. Avec des splendeurs insoupçonnées derrière leurs murs...

Eglise_Chriapally_Kottayam

Eglise_Chriapally_Kottayam_fresque
La magnifique église de Cheriapally, Kottayam.
Les fresques ont été peintes par un artiste portugais avec des pigments végétaux au XVIème siècle.
Il est vraiment étonnant de retrouver cette iconographie médiévale européenne en Orient.


Eglise_K_rala   Eglise_K_rala_2
Une architecture religieuse originale.

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23 août 2009

Résumer le Kérala ?

     Ceci est une habile transition vers la suite...

Kerala_2

Mouahahahaha !

Tout pour le bonheur de Tac et le (presque) mien...

21 août 2009

Un "resort" de luxe au Kerala...

            Beaucoup vont au Kerala pour ses resorts, stations balnéaires tropicales luxueuses le plus souvent (du genre qui te coûte un bras la nuit). Elles sont réputées dans le monde entier, auprès des touristes comme des Indiens résidant à l'étranger. Il aurait été vraiment dommage de ne pas les tester un jour (ou deux...) : c'est chose faite ! Et la réputation du Kumarakom Lake Resort n'est pas usurpée, loin de là.

H_tel

            Rare en Inde, tout est absolument parfait : une architecture kéralaise respectant le paysage, confort moderne mais pas uniformisé et sans âme, petites attentions fort agréables. Au point que tu finis par te demander si tu n'es pas plutôt en Thaïlande...

H_tel_entr_e

           Ce que j'ai retenu ? Et bien, après le yoga matutinal face au second plus grand lac d'Inde, tu peux faire quelques longueurs dans l'Infinity Pool d'où tu admires les bateaux kéralais voguer sur ce qui ressemble presque à la mer. Et puis, au moment où tu veux te relaxer vraiment, parce que là c'était du sport de compétition, tu reviens à ton pavillon en bois délicieusement sec (vue l'humidité ambiante, je ne comprends pas comment ils font...) et décoré avec raffinement où tu t'installes dans ta piscine privée avec jacuzzi, suffisamment grande pour faire au moins quelques brasses (l'eau arrive à la poitrine). Tu prends le soleil en même temps, puis quand tu as fait ton petit somme après toutes ces activités, direction la consultation ayurvédique pour te faire prescrire un massage aux huiles essentielles. Tu conclues la chose par le tea time, assis dans un sympathique jardin, avec masala chai et délicieux snacks à volonté, avant d'embarquer pour une petite croisière permettant de profiter d'un calme exceptionnel en Inde, au milieu de cet immense étendue d'eau.

           Et, chose encore plus rare dans ce type d'hôtel, la nourriture est vraiment bonne, copieuse (à volonté, c'est dire...) et typiquement kéralaise (il faut vraiment fouiller pour avoir un tout petit quelque chose de continental). Bien évidemment, vue ton activité débordante, le lendemain matin, tu te diriges nécessairement vers la salle de sport...

Le Kérala ? A suivre ICI...


H_tel_chambre  H_tel_piscine_2

La chambre, joliment décorée avec une charpente traditionnelle,
qui ouvre sur la piscine privée et la salle de bain presque en plein air.

H_tel_piscine   H_tel_jardin

L'Infinity Pool d'où regarder ce lac immense,
ou bien une petite promenade dans le jardin manucuré...

H_tel_vue
Magnifique coucher de soleil, rare en période de mousson.
Et le plus sublime, à mon sens, était le vol très haut dans le ciel des chauves-souris dans les derniers rayons du soleil...

19 août 2009

J'ai reçu deux colis !

           Première fois que je reçois des colis en Inde et... ça a marché ! Avec plus ou moins de lenteur, plus ou moins d'ajouts de la part des douanes, mais cela a fini par arriver !!! Et le même jour en plus (sauf qu'il y en un qui a été posté le 21 juillet et l'autre le 3 août...) !

            Bonne tranche de rigolade en voyant arriver les paquets :

Colis_Ckankonvaou

                Le colis de Ckankonvaou a donc passé avec succès les douanes, mais la contrepartie fut des sceaux de cire, de la cordelette, du papier, du scotch (tu vois, là où pointent les flèches). Je me demande s'il n'a pas subi aussi le test du "je m'assieds dessus"...

                Celui de Daydreamer a également été bien secoué, malaxé, trituré, mais a finalement tenu le choc :

Colis_Daydreamer

                  Et dedans ??? Et bien, plein de bonnes choses, du miam-miam, mais aussi du sent-bon !!!

Colis_Daydreamer_2

De délicieuses violettes cristallisées à l'arôme intact (Tac s'est jeté dessus !) et un savon qui fleure bon le Sud...

Colis_Ckankonvaou_2

Et je pars ensuite vers l'Ouest, avec mes berlingots nantais, mon savon à l'abricot et mon âne en culotte !

Merci beaucoup à toutes les deux !!!

                Tout ceci m'a fait extrêmement plaisir, on se sent moins loin de tout en ouvrant ces paquets remplis de trésors. Une excellente surprise, je vous l'avoue, d'autant que je ne croyais pas pouvoir recevoir en Inde autre chose que des lettres, des cartes postales et Le Canard enchaîné. Comme quoi, il ne faut douter de rien !

17 août 2009

Ah oui, mais non...

             J'ai cru un temps que la télévision indienne avait pu me manquer. Pourquoi pas, après tout ? Et avec le câble, des centaines de chaînes où je pourrais zapper ! Puis j'ai pu à l'occasion regarder un petit peu plus ce que proposent ces chaînes, et il s'est passé ça :


T_l__1

             Et encore ça :

T_l__2

             Alors, finalement, non. Ni les chaînes indiennes, ni les autres...

15 août 2009

Une campagne publicitaire utile (mais pas nécessairement efficace).

             Le message des affiches publicitaires en Inde font très souvent mouche (à la télévision, les standards sont plus conventionnels dans ce que j'ai vu dans les hôtels et au cinéma (nous n'avons pas la télévision)). Jeux de mots et humour, voici les maîtres-mots.
             J'ai par exemple beaucoup aimé cette campagne de la Mumbai Traffic Police visant à réduire la pollution sonore due aux klaxons omniprésents (klaxon, en klingon, signifie Bombay je crois...) : les messages sont simples, directs, efficaces, mais deviennent aussi parfois plus subtils...


Banner_5


Banner_4


Campagne_2

              Et mes favoris (le premier se réfère à l'arrière des camions orné de dessins et de messages appelant à klaxonner pour le dépassement dudit camion) :


Banner_3

                Et le dernier, dont une seconde version dit "Honking addict ? Treat yourself, get some help !" :

Campagne_1

14 août 2009

Petits bénéfices : du destin des journaux indiens.

              En Inde, on tire un revenu de tout. On essaie en tout cas. Je ne crois pas connaître un pays où l'utilisation des déchets entre aussi profondément dans le circuit économique, formel et informel. Toutes les ordures sont triées, retriées, fouillées depuis la nuit des temps semble-t-il (ou presque). Les raisons pour lesquelles ces hommes et femmes s'assoient la nuit venue au milieu des poubelles déversées, les raisons pour lesquelles ces gamins repartent les bras chargés de déchets plastiques de la décharge du coin, les raison qui amènent ce démarcheur à ma porte régulièrement pour récupérer tout appareil électronique, n'ont rien à voir avec l'environnement. L'environnement, on s'en soucie quand on a les moyens de manger à sa faim.

              Un exemple. Les journaux.Livraison_de_journaux
           Nous recevons chaque matin une sélection à notre porte, livrée entre 5h et 6h : l'Indian Express, le Mumbai Newlisne et l'Economical Time. Par mois, cela nous revient à 250 roupies environ (3,20€), alors on ne s'en prive pas. Il faut dire que pour un Occidental, les journaux et revues semblent presque gratuits ici (compter 2, 3 ou 4 roupies pour les grands journaux du type Times of India, entre 20 et 100 roupies pour des revues et magazines, soit 0,30€ à 1,30€). Les journaux et revues s'accumulent donc chez chacun. En France, je les aurais jetés à la poubelle (verte bien sûr) pour qu'ils soient, je l'espère, recyclés. Ici, que nenni ! La récupération rapporte son écot.

              Comme les textiles, les objets contenant du métal ou le matériel électroménager, les journaux sont donc récupérés : pour ma part je les donne à la femme de ménage de l'immeuble qui touchera 4 roupies par kilo de journaux. Ce n'est rien, mais c'est beaucoup. Ce matin, je lui ai donné cinq kilos de journaux reçus ces dernières semaines, elle a l'air contente.

              Ces journaux, on les retrouve Painensuite sous différentes formes : le papier recyclé, bien sûr. Mais ils deviennent aussi emballage, puisque les différents chaat (en-cas) que l'on déguste dans lNewspaper_bagses rues ou dans les petites échoppes les utilisent pour ne pas tâcher les mains et vêtements avec la graisse. Ne crions pas d'effroi : malgré le papier et l'encre, vue la propreté des mains (des miennes aussi) et des écuelles en métal, à un moment donné on choisit...
           La chaîne de magasins Fabindia (que tu connais pour ses textiles et ses produits de beauté) utilise quant à elle des sacs formés de journaux récupérés encollés : quand tu ressors, tu peux donc porter tes achats et t'instruire en même temps. On peut même s'en procurer ICI !

            A la différence de la Chine, où le recyclage est devenu une mâne pour certaines villes du Guangdong, l'aspect qu'il revêt en Inde est différent : moins industriel, dénotant plutôt du castéisme et du politique. Etonnant. Les personnes qui trient les ordures, ramassent les déchets, récupèrent les détritus et les encombrants, appartiennent bien évidemment à des castes inférieures. Qui ont, pour survivre, fait et font preuve d'une inventivité exceptionnelle pour gagner un peu d'argent avec ce que les autres laissent derrière eux... Ici, recycler est nécessaire pour continuer à vivre.

12 août 2009

Bombay, ville affolée ?

             Hier a été décidée à Bombay la fermeture des écoles pour une semaine, celle des cinémas pour trois jours. Les cinémas fermés, ça c'est un signe qui ne trompe pas...

             La cause ? La grippe du porcinet. La grippe A, donc. De toute manière, ici, le porc n'a jamais eu très bonne presse... Jusque là, relativement calme et sereine, l'Inde et Bombay sont tout à coup sur le pied de guerre depuis un enchaînement de décès, dont ceux de Pune l'"autre capitale" du Maharashtra puis ceux survenus à Bombay. L'agitation et la fébrilité croissent ; et c'est le moment où Tac décide d'avoir une angine carabinée avec fièvre !

             Quant aux mesures, ce sont sans doute celles qui sont déjà d'actualité en France et en Occident ? Je ne sais pas, n'ayant pas la télévision. En tout cas, une épidémie que l'Inde veut traiter avec des moyens "modernes" : éviter les centres commerciaux, éviter les festivals et rassemblements, masques que les gens sont de plus en plus nombreux à porter, et huile essentielle d'eucalyptus pour les policiers. Et ça, c'est l'efficacité ayurvédique...

             Je me suis toujours dit qu'ici, ça assurait grave et que les autorités étaient aux aguets...

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Des policiers à Golconde (Andhra Pradesh).

            En revanche, commence dans une quinzaine de jours à Bombay notamment le festival de Ganesh Chaturthi, qui rassemble des milliers et des milliers de personnes. Eviter les rassemblements, oui...

11 août 2009

Des phool, des phool, des phool partout...

               Aujourd'hui, c'est fou. Aujourd'hui, on parle de fleurs, de phool donc. Si ceci est absolument hermétique, si tu n'es pas initié, désolée !

Enigme_2

               Ah tiens, il te manque plus que le chapeau et la pipe...

11 août 2009

Zola in India : l'histoire de Dalilo (conclusions).

Première déduction : comment savoir si c'est la vérité ou non ? Aucun indice, l'envie d'être juste et de bien faire nous taraude avec toujours ce doute qui s'insinue avec l'expérience. Mais l'éducation judéo-chrétienne implique que l'on préfère se faire avoir, plutôt que d'avoir refusé d'aider.

Deuxième déduction : une évidence, il n’y a ni système de sécurité sociale, ni accueil médical gratuit, ni aide aux veuves (son père est mort deux ans auparavant), ni aide aux personnes pauvres et aux soutiens de famille évidemment…

Troisième déduction : le chauffeur n’a pas cet argent d’avance car l’épargne est presque strictement impossible en Inde dans les milieux défavorisés. Pourquoi ? Pas de compte en banque le plus souvent, l’argent est donc dans la poche avec toutes les possibilités de le perdre, se le faire voler et surtout se le faire réquisitionner par les proches (famille, amis et entourage). Il semble que l’argent file entre les doigts dès que l’on en gagne un peu : pour payer les nécessités quotidiennes, mais surtout pour rembourser les intérêts des emprunts (même pas l’emprunt lui-même, faut pas pousser).

Troisième déduction : la solidarité, mon arrière-train ! De tontines, point. De micro-finance, point. Quand on est Indien et pauvre, on ne peut compter que sur soi-même et mieux vaut se méfier de ses proches.

Quatrième déduction : pas de liquidités et réquisition par la famille de la paye signifie aussi que le chauffeur n'a jamais sur lui les quelques roupies nécessaires pour prendre le bus ou se payer un déjeuner. Au bout de plusieurs fois, nous avons du lui demander comme à un enfant de penser à apporter son argent pour ses propres dépenses dans la journée ; ce qu'il a oublié, exprès ou non là n'est pas le problème, toujours est-il qu'il se trouve dans la position de quémander alors même qu'il a reçu sa paye la veille.

Cinquième déduction : le fait d'emprunter n'a pas du tout la même valeur et la même fonction en Inde. C'est une évidence du quotidien, ce qui fait que l'on peut vivre et qu'il n'est même pas envisageable de supprimer malgré les taux d'intérêt usuraires. Il n'y a aucune hésitation, puisque de toute manière, par un biais ou un autre, on passera sa vie à rembourser tel ou tel. Alors, on s'endette auprès des parents, des voisins, des mafias, qui se font tous une joie de prélever encore et encore. Le taux de suicide pour endettement est gigantesque (notamment chez les paysans, mais pas seulement : Dalilo nous a dit que s'il n'avait pas ses enfants, il se jetterait sous un train. Que l'on y croit ou pas, qu'il s'agisse de chantage ou non, de volonté de culpabiliser ou non, il est toujours difficile d'entendre ceci dans la bouche de quelqu'un qui travaille pour vous).

10 août 2009

Zola in India : l'histoire de Dalilo (prémisses).

Où tu découvres le nouveau chauffeur de Tac, où tu découvres qu'il est difficile de distinguer mensonge et vérité (mentir n'est pas immoral en Asie si c'est pour une bonne cause), où se confirme enfin qu'avoir du personnel en Inde est réellement une plaie. De mon point de vue, en tout cas...

Finalement, Zola n’a rien inventé, il est juste venu visiter l’Inde. Exemple probant à l’appui ? L’histoire du nouveau chauffeur de Tac (souviens-toi, nous avons du dire au revoir à Obiwan). Habitant dans un bidonville de Colaba, Dalilo (appelons-le comme ça, héhéhé...) a dès les premiers jours de travail eu besoin d’argent : sa mère, malade, venait de faire une attaque cardiaque. Commençant à peine, il n’avait pas de quoi payer son hopistalisation et ses médicaments.

Pas de fonds de roulement donc, pas de liquidités en cas de coup dur. Les achats se font en gros pour baisser les coûts : ainsi, Dalilo en début de mois s’endette de 2500 roupies pour acheter la nourriture du mois. Avec les intérêts donc. Et le premier quart de sa paye dépensé avant même d’être perçu. Ce type de famille indienne vit donc presque au jour le jour. Pas de banque signifie aussi aucune possibilité d’emprunt, aucune possibilité d’avance. Ce sont donc la famille, les amis, les voisins, les usuriers et les mafias qui prêtent avec des taux d’intérêts bien dodus. Oui, même la famille et les voisins : eux aussi ont besoin d’argent, il ne faut perdre aucune occasion d’en gagner ! Du genre : Dalilo a emprunté 10 000 roupies, et donne 1 000 roupies par mois d'intérêt en attendant d'avoir remboursé le capital (120% d'intérêt sur une année, au bout de laquelle il arrive) ; même chose avec sa voisine. Et sa situation est telle que l'on est portés à le croire, mais si... toujours le doute...

L’emprunt est toujours nécessaire, tant le cercle vicieux de la pauvreté est zolien. C’est évidemment quand tu viens de rembourser les commerçants qui te vendent à crédit la nourriture et que tu es donc sur la paille, que le toit qui n’a pas été réparé faute de moyens fuit à cause de la mousson. Manquerait plus que l’enfant qui dort en dessous tombe malade, que la maladie s’aggrave car voir le médecin était trop onéreux, etc. Ce n’est pas ce qui s’est passé pour le chauffeur de Tac : lui, quand il eût payé sa nourriture, il dut faire face à l’hospitalisation de sa mère et à une infection dentaire plutôt violente (visible) ; puis il se fait voler une partie de son salaire pour enfin se faire tabasser par les usuriers chez qui il a un emprunt. Car, s’il est une bonne proie pour eux (un cinquième de son salaire mensuel passe à rembourser les intérêts seulement), il n’a pas caché travailler pour des Occidentaux. Depuis, bizarrement, les usuriers sont devenus plus insistants pour retrouver leur mise. Vous voyez quand je parle de Zola ?

Dalilo soutient une famille composée de femmes et d’enfants depuis que son père est mort il y a deux ans : sa mère qui se laisse dépérir, sa jeune sœur, sa femme et ses deux enfants. Il faut payer l’école et la formation de couture de la sœur ; l’épouse est allée au lycée certes, mais tu imagines bien qu’elle ne travaille pas : elle a deux enfants, que diable ! Quand bien même le besoin d’argent est très pressant, cela ne se fait pas de laisser ses enfants, même à sa belle-mère ou sa belle-sœur (que dire d’une voisine, qui s’occuperait pendant la journée d’une dizaine d’enfants par exemple, dont les mères iraient travailler : n’y pensons même pas !). Il ne faudrait pas que l’on dise que c’est une mauvaise mère, et surtout qu'elle est débauchée : aller travailler à l'extérieur, ouhlalala ! Et puis, il ne faudrait pas que l’on croit que le mari ne parvient pas à subvenir aux besoins de sa famille

En résumé, cela revient encore à une histoire de fesses : la femme qui veut contribuer aux recettes de son ménage abandonne ses enfants et s'en va courir les hommes, et le mari qui la laisserait faire manquerait de virilité et accepterait que sa femme se débauche à l’extérieur. D’où, le cercle… euh… vicieux ?

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