Allez, viens faire un petit tour à... Srirangaptna.

             Srirangapatna. A tes souhaits, as-tu envie de rétorquer... C'est aussi tout l'intérêt de l'Inde : tu apprends à tenter de lire des noms démesurés, à les prononcer sans intervertir les syllabes, à demander la direction et à te rendre compte que dans la langue locale, on ne le prononce pas comme tu l'as cru. Ou que le lieu n'a pas le même nom que sur ta carte... (Ce n'est pas le cas ici.)

            Srirangaptna est une petite bourgade (c'est le moins que l'on puisse dire) située à deux heures de bus de Bangalore et une demi-heure de Mysore. Pourquoi donc aller se terrer dans le fin fond du Karnataka pendant les fêtes ? Il y a forcément de la vieille pierre là-dessous, je te l'accorde. Vieille pierre sous la forme d'une ville fortifiée par le Vauban local, un palais, un mausolée et quelques temples et mosquées.

              Elle a été un centre urbain important sous les Vijayanagar, dont elle a gardé un temple très fréquenté lorsque nous y sommes passés et dont la beauté des sculptures est malheureusement mise en sommeil par les assauts de la ferveur contemporaine ; puis, formant une île sur la rivière de la Cauvery, Tipu Sultan s'en est emparée et l'a fortifiée car le site s'y prêtait avec évidence : fort donc, bastions, portes, tout y est au point que j'ai retrouvé ici des choses qui me sont très familières (ceci est un blog culturel : à la fin, tu sauras toi aussi construire le parfait petit château fort sur ta plage préférée...) ! Srirangapatna est alors devenue la capitale du royaume de Mysore, Etat musulman qui s'étendait sur toute l'Inde du Sud. Tipu y a construit un somptueux palais d'été (le Daria Daulat Bagh) : pavillon esseulé entre deux vastes pièces de verdure et d'eau, bien entretenues, recelant dans sa fraîcheur des dizaines de fresques murales très bien conservées qui donnent  un aperçu saisissant de la vie quotidienne à l'époque de Tipu et de ses faits d'armes. Les volets verts, disgrâcieux certes, empêchent les fresques de blanchir au soleil (et permettent de garder l'intérieur du palais dans une fraîcheur toute relative).

    

      

        A quelques encâblures, on peut également aller admirer le mausolée de Tipu (le Gumbaz) d'une austérité tout à fait solennelle jusqu'à ce que franchissant les portes, nos yeux tombent sur le figuré tigré des murs : grandiose, pour celui que l'on appelait le Tigre de Mysore !

   

         La campagne et les paysages autour de Srirangapatna sont tout à fait magnifiques en cette saison, mais les routes ne sont praticables que par moitié car bien souvent sur l'autre moitié sèche le riz récolté dans la région, battu et éventé à la main pour séparer le grain de la tige...

         Moins glamour que cette image bucolique (quoique harassante pour les agriculteurs) mais tout aussi nécessaire, les bouses de vache mises à sécher au soleil, collées partout où c'est possible : flancs des maisons, rochers, bas-côtés de la route... Fraîches, elles constituent l'engrais idéal ; réduites en petites galettes et séchées, elles servent de combustible ou d'enduit protecteur. Récupération, c'est le maître-mot de l'Inde. Et on ne fait pas sa mijaurée : nos contrées utilisaient la même chose il n'y a pas si longtemps...

      

Comments

[Chouyo]

@ Ckankonvou : bravo !!! Toi seule pouvait trouver !!!
En fait, je t'avoue qu'en voyant la porte du fort, j'ai vraiment retrouvé la porte de Pignerol à Briançon, donc du pur Vauban...

[ckankonvaou]

Mais c'est l'Ile de Ré !!!!!!!!! ses venelles fleuries, l'entrée de son pénistencier.... ses fortifications de Vauban... ah oui, je reconnais bien... c'est sur, c'est L'Ile de Ré !

[Chouyo]

@ Pivoine : ouf, heureusement tu as vu que ce n'était pas le cas... Oui, les "tigrures" sont vraiment belles, c'est un des aspects de l'Inde que j'aime beaucoup : on n'y a pas peur des couleurs vives !

[pivoine]

J'ai cru un instant que ces galettes étaient une autre spécialité à manger héhéhé!

Cette couleur orange est splendide dis donc!