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La vie vue d'un rickshaw (vivre à Bombay)
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6 janvier 2009

Le temple ISKCON de Bangalore. "Negotium fidei" ou "Ma petite entreprise..."

               Non, la petite entreprise ISKCON ne connaît pas la crise.

           D'autant moins quand on voit ses projets d'agrandissement, d'extension et de disneylandisation. Kézaco que l'ISKCON ? L'International Society for Krishna Consciousness, ce qui ne t'avance pas tellement... En gros, dans la myriade de sectes hindouistes fondées par des swami, des yogi et autres baba, il y a ce groupe dont le succès planétaire et les démêlés réguliers avec la justice  pour endoctrinement et dérives sexuelles ne se démentent pas depuis les années 1960. Mais si, souvenez-vous des moines vêtus d'orange dans les rues de Washington et psalmodiant avec un sourire béat "Hare Krishna", souvenez-vous de George Harrison...

                 On voit l'étendue (je n'ai pas écrit "dégâts" et je me retiens avec peine) en lisant la petite bafouille du site officiel : le fondateur, A. C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada (Srila Prabhupada) y est appelé "Sa Grâce Divine" et sa statue de bois dans une pièce adjacente du complexe donne une idée de l'influence des gourous en Inde. La société qui en est issue regroupe environ 10 000 temples dans le monde et 250 000 dévôts. Parce que ce sont vraiment des dévots pour le coup, on est au-delà du concept de fidèle... Bien sûr, le site officiel met en avant les communautés rurales, les écoles et restaurants gratuits qu'elle a développé. Pour l'amour de l'humanité et de la bienfaisance, c'est évident.

                Une visite extrêmement intéressante donc, pour saisir un peu mieux les ressorts de la manipulation religieuse en Inde, la crédulité populaire et sa pérennisation (les intérêts en jeu sont conséquents...). Tiens, je ne vous ai pas parlé cet été de l'équivalent à Pondichéry,  Sri Aurobindo et Auroville ! Encore une grosse marade... Une autre fois, une autre fois : Krishna, d'abord.

Krishna_2

             Le prétexte est donc de vénérer Krishna qui, je te le rappelle, est un avatar de Vishnu (une sorte d'incarnation) et souvent représenté avec la peau bleu ; si tu veux en savoir plus sur lui, viens lire ICI. Pour cela a été élevé à Bangalore un gigantesque temple moderne, sorte de complexe géant sans charme dédié à la figure de Krishna. Et tu vas voir en quoi consistent les rites de dévotion...
               Dès l'abord, du monde. Et la psalmodie bien connue, diffusée en boucle par les hauts-parleurs, tout au long de la visite. Il faut se procurer un ticket d'entrée au prix variant selon le fait que tu veuilles ou non faire la queue, si tu as quelques heures devant toi ou 200 roupies pour un coupe-file ET aller plus près des différents autels. QUI A DIT que c'était une conception censitaire de la religion ???
               Une volée de marche, la majorité des Indiens patientent dans la longue file, et une première station devant un autel, puis devant un second (nous nous faisons reprendre d'ailleurs par un moine mécontent car nous bavardons sur des choses intelligentes au milieu du passage ; bloquerions-nous le flux cosmique ? Oups, désolée d'avoir constipé le flux cosmique, ça craint...). De nouveau quelques volées de marches afin d'atteindre le lieu suprême, la salle de prière dédiée à Krishna décorée de fresques modernes en l'honneur de la divinité. Ici de même, le mouvement est de rigueur sauf pour ceux qui s'assoient au milieu de la pièce à proximité des trois (esclaves ?) hommes condamnés à psalmodier la même ritournelle pendant des heures et des heures au son d'un tambourin... Privilégiées par notre portefeuille, nous nous asseyons juste devant l'autel ; ceux qui ont payé moins sont derrière une barrière. au milieu de laquelle trône une petite caisse à aumônes. On nous offre du riz et du riz au lait dans un pot, et pendant que nous touchons les fleurs de jasmin disposées dans un récipient, un moine récite une invocation incluant nos prénoms (au moins, mes doigts sentaient bons après).
                Et là commence le grand show : tu ne peux pas y échapper, c'est le parcours obligatoire ! Dans la même pièce, une pseudo- librairie qui te propose avec force encouragements commerciaux d'acheter un livre sur la vie, les agissements, les pensées de Krishna. Ou bien sur la cuisine de Krishna. Ou encore sur les questions que tu te poses au quotidien. Bien sûr, quand tu demandes la Bagavad-Gita (qui est un peu LE livre de référence des hindous et notamment des krishnaites) ou le Mahabarata, ils ne sont pas disponibles  : de la culture, mais pas trop...
                Redescente vers le parcours commercial, avec forces panneaux expliquant la sainte vie et les saintes actions du fondateur, les principes suivis par les dévots ainsi qu'un plan du futur complexe d'ISKCON : agrandissement, parking, pelouses. Rien sur les barbes à papa, je suis déçue... Ce n'est pas encore la sortie : il reste à passer le magasin de statuaire, extrêmement kitsch ,et dans lequel les visiteurs continuent de se suivre comme dans une procession. Un moment exceptionnel où le produit commercial devient objet de vénération : le fait religieux en Inde... Puis une autre section commerciale, avec cette fois-ci les souvenirs : évidemment, je me suis jetée sur la chose la plus kitsch que j'ai pu trouver (en rapport direct avec CECI), parce que si je refuse catégoriquement de contribuer en quoi que ce soit à une entreprise religieuse, et à celle-là encore moins, il me fallait un témoignage. Marrant, moi j'aurais mis brain à la place de heart...

T_shirt_ISKCON

Vrindavana est le lieu où Krishna aurait vécu son enfance.

               A la soupe ensuite. Pour avoir fait cet effort de visiter, pour avoir rempli les caisses de l'ISKCON et enfin pour avoir contribué à gonfler le décompte des visiteurs du temple, tout le monde a droit à une écuelle de soupe au riz (tout à fait correcte) dans la continuité du programme "Food for Life" de l'ISKON. Divers plats, chaat (snacks) et mithai (sucreries) sont aussi proposés, payant cette fois.

                Grosse marade donc. Grinçante bien sûr... Peut-être qu'il me manquait quelque chose de végétal à fumer pour apprécier pleinement...

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Commentaires
C
@ Daydreamer : oui. Et pire encore. J'attends tes commandes !
D
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!<br /> ils ont des t-shirts mortels comme ça???? (bon, celui-là, il fait un peu neuneu, en plus de kitsch, mais... euh... va falloir qu'on cause paypal, bollywood et saris, toi et moi :D)
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