Udaipur : les monuments principaux.
Après un premier aperçu en demi-teinte, je t'emmène visiter le patrimoine historique d'Udaipur, réellement intéressant. Car dès que l'on pénètre dans les palais et les temples, tout à coup, plus personne (à croire que les routards se contentent des rues et des restaurants ???)...
Le lac tout d'abord. La vitrine de la ville. Baignant les pieds des haveli et des palais, le lac Pichola trône au milieu d'Udaipur. Et ses berges magnifiques, ses ghats pittoresques et les montagnes environnantes se reflètent dans ses eaux par endroits gagnées par une vase tout ce qu'il y a de plus romantique. Au sens réel du terme, j'entends. Bon, mais le paysage serait encore plus splendide s'il n'était gâché par cette verrue blanchâtre du Lake Palace Hotel, anciennement Jag Niwas Palace.
Comment osè-je... Je sais : tout le monde vous dira que ce palais flottant est magnifique, que c'est un rêve de marbre blanc se reflétant dans les eaux turquoises, blablabla. Oui, bon, cessons l'intox (surtout en Inde, hinhinhin...). Ce palais du XVIIIème était effectivement magnifique, conçu comme un havre de fraîcheur étincelant au milieu du lac pour accueillir l'été le maharaja d'Udaipur. Sauf qu'il y avait là aubaine. Le palais a donc été reconverti en hôtel de luxe, dépouillé de ses arbres et augmenté d'un ou deux étages (plus de chambres, plus de business centres, plus de facilities et de restaurants...). L'endroit est accessible si tu en es client ou si tu comptes dépenser plus de 2 000 roupies au restaurant. Où comment le patrimoine indien se ferme et se commercialise (le Rajasthan n'est clairement pas en reste en cette matière). Il faut dire que c'est un bon moyen pour les maharaja désargentés de renflouer les caisses en revendant leur patrimoine à des hôteliers, personne n'était ici très scrupuleux en matière de restauration autre que gastronomique.
Mais oublions la verrue (on est presque d'ailleurs dans l'esprit du Sacré-Coeur...) pour parler des palais qui en valent la peine. Le Bagore ki Haveli tout d'abord : un dédale décati de petites pièces aux ornements en ruine, aux fresques effacées rappelant des moments importants de la vie quotidienne du maharaja, la chasse et la bagatelle... Des cours succèdent aux courettes, de petites pièces intimes apparaissent derrière quelques rares pièces d'apparat et des balcons surplombent le lac. Un délice. Une vue magnifique, et l'impression d'être totalement seul à parcourir ce palais... Voilà un endroit réellement charmant. En plus, le petit musée n'est pas mal du tout, on y voit notamment nombre d'instruments de musique traditionnels indiens avec leurs noms (dingue !), des turbans de toutes sortes, et des objets de la vie quotidienne (jeux, crachoirs...). On se sentirait presque revenus aux temps de la splendeur d'Udaipur.
Le City Palace, mieux entretenu, se visite depuis une autre partie de la ville, ce qui permet d'aller fureter dans les quartiers plus au sud fort intéressants (vieilles maisons à moitié en ruine, vaches divagant et artisans au travail). Le labyrinthe recommence à nouveau ! Les salles d'apparat se font plus nombreuses, plus richement décorées et je découvre les milliers de facettes miroitantes sur les murs et les plafonds, caractéristiques des palais du Rajasthan. Des fresques ornent les courettes ombragées où l'on venait prendre le frais, le quartier des femmes (zenana) et les couloirs qui permettaient au raja d'aller s'offrir un peu de bon temps... La bagatelle, encore et toujours.
Les peintures qui ornent les murs des galeries intérieures sont véritablement splendides d'autant que la miniature est la spécialité d'Udaipur en matière d'artisanat de cour. Les détails sont donc d'une finesse exceptionnelle, et les scènes décrites, souvent sur des thèmes rebattus du pouvoir et de sa représentation, se révèlent d'une richesse historique réelle : vues plongeantes sur le palais et ses plaisirs quotidiens sous le prétexte de mettre en scène le raja en majesté, découverte de l'ornementation et des décorations d'apparat, scènes de batailles où le raja est magnifié mais où se décèlent à la périphérie tous les détails stratégiques mis en place pour vaincre etc. Des détails, à n'en plus finir.
Beaucoup de plaisir de nouveau à déambuler dans ce dédale. La partie méridionale du City Palace, le Fateh Prakash Palace, a été reconvertie en... mais oui... en hôtel de luxe !!! Il faut donc aligner les roupies pour accéder à la galerie d'art et aux bâtiments, ce que je ferai une prochaine fois. Peut-être.
Enfin, Udaipur ne serait pas en Inde s'il n'y avait un peu de religieux : le temple Jagdish Mandir. Dédié à Vishnou, il se situe en haut d'une volée de marches plutôt raides, et se dresse à une hauteur étonnante. Tout de blanc vêtus, les hauts-reliefs donnent à voir des scènes de bataille, des dieux, et des hommes dansant, chantant, jouant de la musique. Le style n'est pas des plus fins, mais il est... rajasthani, pour le moins et vaut en cela d'être visité. Vous aurez en plus l'occasion d'y voir quelques (prétendus ?) sadou se hâtant de descendre vous demander quelques pièces !