Où j'envoie balader... une vieille dame.
L'histoire vaut son pesant de kashmiri naan (avec des cerises, du sucre et des fruits secs dessus, je le rappelle) pour ce qu'elle donne à voir du comportement indien. En matière de bousculade, de prééminence des parents et de l'âge, de mépris à l'égard des Occidentaux et de la capacité à faire monter le ton dès qu'une occasion est donnée. Et même sans occasion du tout, d'ailleurs...
Voici l'histoire. [Qui a un antécédent parisien, si tu veux voir...]
Un jour que je me promenais à Khajuraho (enfin, que je tentais d'échapper aux enquiquineurs intéressés uniquement par le fait que je sois un individu occidental de sexe opposé au leur) dans l'unique rue de la bourgade, je me penche sur un étal de babioles pour... passer le temps. Je regarde, je soulève et retourne : je fais mon petit marché tranquillement. Quand, soudain, un coup de coude dans les reins et une vieille Indienne me pousse brutalement pour, elle aussi, regarder l'étal. Cette scène se répète chaque jour, où que vous soyez en Inde : c'est normal.
J'assène donc mon mot fétiche "HEY !" avec un froncement de sourcil violent (je suis très violente du sourcil) vers la femme d'une cinquantaine d'années, (donc vieille, en Inde) qui m'ignore totalement et continue de se pencher sur les babioles. Ce que ne fait pas sa fille, la trentaine, qui me regarde droit dans les yeux, le menton coléreux et la langue bien acérée : "Don't talk like that to my mother. She can be yours !" (Ne parle pas comme ça à ma mère, elle pourrait être la tienne !). Avec tout le mépris qu'une partie de la population indienne éprouve pour les Occidentaux (elle aurait sans doute utilisé le "tum" en hindi), prétendument parce qu'ils ont colonisé le pays, mais je pense sincèrement que cela a beaucoup plus à voir avec le système des castes (les Occidentaux sont sous les intouchables car non-hindous, donc nécessairement les plus impurs des plus impurs).
D'où ma réponse très froide avec un sourire ironique : "No, she couldn't be my mother because mine isn't as rude as yours" (Non, elle ne pourrait être ma mère parce que la mienne n'est pas aussi impolie que la tienne).
Ebahie. Décontenancée. Elle capitule. Et me sors, du bout des lèvres du genre je-suis-énervée-mais-tu-as-gagné : "OK, OK, sorry".
Et j'ai pensé : "Dans ta face". Mais je ne l'ai pas dit, t'as vu, j'ai progressé !!!