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La vie vue d'un rickshaw (vivre à Bombay)
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22 juin 2009

Où j'envoie balader... une vieille dame.

                 L'histoire vaut son pesant de kashmiri naan (avec des cerises, du sucre et des fruits secs dessus, je le rappelle) pour ce qu'elle donne à voir du comportement indien. En matière de bousculade, de prééminence des parents et de l'âge, de mépris à l'égard des Occidentaux et de la capacité à faire monter le ton dès qu'une occasion est donnée. Et même sans occasion du tout, d'ailleurs...

                Voici l'histoire. [Qui a un antécédent parisien, si tu veux voir...]

               Un jour que je me promenais à Khajuraho (enfin, que je tentais d'échapper aux enquiquineurs intéressés uniquement par le fait que je sois un individu occidental de sexe opposé au leur) dans l'unique rue de la bourgade, je me penche sur un étal de babioles pour... passer le temps. Je regarde, je soulève et retourne : je fais mon petit marché tranquillement. Quand, soudain, un coup de coude dans les reins et une vieille Indienne me pousse brutalement pour, elle aussi, regarder l'étal. Cette scène se répète chaque jour, où que vous soyez en Inde : c'est normal.

              J'assène donc mon mot fétiche "HEY !" avec un froncement de sourcil violent (je suis très violente du sourcil) vers la femme d'une cinquantaine d'années, (donc vieille, en Inde) qui m'ignore totalement et continue de se pencher sur les babioles. Ce que ne fait pas sa fille, la trentaine, qui me regarde droit dans les yeux, le menton coléreux et la langue bien acérée : "Don't talk like that to my mother. She can be yours !" (Ne parle pas comme ça à ma mère, elle pourrait être la tienne !). Avec tout le mépris qu'une partie de la population indienne éprouve pour les Occidentaux (elle aurait sans doute utilisé le "tum" en hindi), prétendument parce qu'ils ont colonisé le pays, mais je pense sincèrement que cela a beaucoup plus à voir avec le système des castes (les Occidentaux sont sous les intouchables car non-hindous, donc nécessairement les plus impurs des plus impurs).

               D'où ma réponse très froide avec un sourire ironique : "No, she couldn't be my mother because mine isn't as rude as yours" (Non, elle ne pourrait être ma mère parce que la mienne n'est pas aussi impolie que la tienne).

              Ebahie. Décontenancée. Elle capitule. Et me sors, du bout des lèvres du genre je-suis-énervée-mais-tu-as-gagné : "OK, OK, sorry".

          
              Et j'ai pensé : "Dans ta face". Mais je ne l'ai pas dit, t'as vu, j'ai progressé !!!



            
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Commentaires
C
@ El Fennec : tu oublies le principal, me semble-t-il. Le Sphinx de Thèbes. S'il-te-plaît.
C
@ Ckankonvaou : ah oui, effectivement, ton "h" est parti en goguette ! Bonne idée, le coup du "ta mère en short devant Tewari (un marchand de pâtisserie)". Faudrait que j'apprenne à le dire en hindi, mais vu la conception de la nudité et le mépris sur le short, ça ne va pas bien passer, héhéhé !
C
@ Ninon : c'est la première fois en Inde que la répartie m'est venue aussi vite, j'en étais très fière ! Mais effectivement, comme tu le dis, il y a un ensemble de codes à connaître et après cela va mieux. Sauf en Inde...<br /> Je lisais ça ailleurs, l'Inde se distingue par exemple de la Chine sur l'impolitesse et selon mon expérience c'est très vrai : en Chine, il m'est arrivé très souvent d'enguirlander les gens (en chinois) qui me poussaient, me passaient devant et autres (situation quotidienne). Ils étaient tout penauds. Il y a donc un code de politesse qui n'a pas été respecté à un moment donné, et la personne en a conscience. En Inde, je fais la même chose et personne ne comprend, on me laisse passer devant (dans la queue où j'étais la première) mais du genre "vas-y si t'es si pressée : il n'y a donc pas ce code de politesse, peut-être un autre, différent, même si j'en doute. Car partout on lit, on voit, on comprend que ce qui compte en Inde, c'est soi-même, l'individu mais pas l'interaction avec les autres. Les gens sont très très très impatients, crient sur les autres pour un rien ; la seule manière est donc de s'imposer, ce que fait tout un chacun.<br /> Et là, la question pour l'Occidental est très délicate : doit-on suivre le même schéma ? marcher sur les autres, passer devant les personnes âgées, gueuler sur les plus faibles (c'est tellement facile ici, d'enguirlander les gens, le système est millénaire...) ? ou bien pointer du doigt aux gens indélicats leur manque de politesse au risque d'être très néocolonialiste ? Mais que faaaaaaaaaire ???
C
@ Pimousse : ah, c'est drôle ! Dans quel contexte ? C'est notre marcopolisme qui est ressorti, c'est pour ça.
E
Magnifique!<br /> <br /> Après le lapin de Sacré Graal, voici la mouffette de Khajuraho...
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