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La vie vue d'un rickshaw (vivre à Bombay)
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5 février 2009

Un sadhu à Udaipur (Rajasthan), la sainteté en Inde.

Sadhu

            Près des marches du temple Jagdish d'Udaipur, un sadhu. Un saint homme de l'Inde, souvent hindou mais parfois sikh. Ils sont environ cinq millions en Inde et au Népal, surtout dans le Nord, à parcourir les villes et les campagnes, reconnaissables à leur corps drapé dans un longhi, un linceul ou nu, en safran (shivaite), en jaune ou en blanc (vishnouite), à leur maquillage rituel sur le front et à leurs membres enduits de cendre (parfois issue des bûchers de crémation) et à leur longue chevelure.

            Personnages incontournables du paysage humain indien, le peuple les révère parce qu'ils manifestent la sainteté, la vertu et la piété. Le sadhu a en effet renoncé à sa famille, sa maison, ses possessions pour, en théorie, rechercher l'absolu et augmenter son énergie spirituelle à travers l'ascèse, la méditation et des rites spécifiques. De ce fait, ils sont respectés et les villageois et citadins leur amènent nourriture et offrandes, pour recevoir en retour conseils et bénédiction. Le but affiché ? Se libérer de la maya, l'illusion, qui implique le cycle des renaissances ; moins affiché, devenir sadhu est, comme la claustration des femmes occidentales depuis le moyen âge, un moyen de fuir la société, la famille ou un destin peu enviable.

Sadhu_Mahaballipuram

          Alors bien sûr, pour les Occidentaux, l'image du saint homme implique celle de la non-violence : ce qui est un contre-sens en Inde, notamment si le sadhu est shivaïte. Agressif, armé de son trident, le Naga Baba peut se montrer extrêmement violent pour protéger les lieux où il vit, où se déroulent ses rites. Un garçon convenable de Vikram Seth décrit admirablement cette tension qui apparaît, lors d'une Kumbhamela (pélerinage), quand sadhu shivaites et vishnouite se rencontrent...

Note linguistique du jour : plusieurs mots servent à désigner un homme saint en sanskrit et en hindi, selon le type de vertu dont il fait preuve et le renoncement qu'il professe. Le sadhu, साधु, est l'homme saint, sanctifié par son style de vie ; le sage est le muni, मुनि ; quant à celui qui s'abandonne à Dieu et à la vie d'ascèse, c'est le tyagi, त्यागी. Le sannyasi ou sannyas, c'est "celui qui renonce" et comme les récitations de mantras (rituels magiques) s'appellent des tapas (tu ne regarderas plus jamais la nourriture espagnole de la même manière...), les tapasi sont bien évidemment "ceux qui pratiquent l'ascèse".

             Je suis intriguée en tout cas par le virag ou viragi, "celui qui n'a pas de désir" (preuve de sainteté en Inde), dont la proximité avec la virago ne s'explique pas (elle se conduit comme un homme : est-ce à dire qu'elle n'a pas désirs ? S'il y a un linguiste dans la salle...). Sant veut dire saint, chouette, et enfin, le mahatma, महात्मा, est un grand sage, une grande âme.

         Le site L'Inde où je vis contient des informations intéressantes (dont le vocabulaire précité), mais à prendre avec des pincettes pour le regard bisounoursique.

[Dans ma vie de Moufette, je m'énerve sur les relations franco-chinoises...]

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Commentaires
C
@ Pimousse : mais non, pas inculte ! En Occident, les représentations sur l'Inde ont la vie dure : zénitude, bonté, mysticisme, blablalba, alors que c'est un pays où les tensions (religieuses, castiques, ethniques) sont extrêmement fortes et la violence est permanente et protéiforme. Quand je lis des fois "ah mais l'Inde, ce pays pacifiste et doux", je me marre...
P
merci pour cette leçon. En effet, j'aurai cru que les saints en Inde étaient non violents. Inculte que je suis!
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